Risques climatiques : Malgré un rejet de l’initiative parlementaire, la pression augmente sur la BNS
17.04.2024 – Le Conseil national a rejeté aujourd’hui une initiative parlementaire déposée, dans les mêmes termes, par des représentants de cinq partis politiques. Celle-ci demandait que la Banque nationale suisse (BNS) tienne compte des risques climatiques et environnementaux dans la mise en œuvre de sa politique monétaire. La coalition BNS, regroupant plusieurs organisations de la société civile, est déçue que le Parlement ne prenne pas ses responsabilités vis-à-vis de la Banque nationale. La coalition demande donc que la BNS agisse désormais de son propre chef et intègre proactivement les risques environnementaux dans ses activités.
Les initiatives parlementaires, déposées par des représentants du centre, du PEV, des Vert’libéraux, du PS et des Verts, demandaient, par le biais d’une modification de la loi sur la Banque nationale, que la BNS prenne en compte les risques climatiques et environnementaux dans sa politique monétaire et climatique. Cette exigence est portée depuis longtemps par de nombreux acteurs de la société civile. De plus, récemment, plus de 60 000 personnes ont exigé de la BNS, via une pétition, qu’elle prenne ses responsabilités en matière de protection de l’environnement. La double crise du climat et de la biodiversité constitue une menace sérieuse pour la stabilité des prix et la stabilité financière, qui n’est pas suffisamment reconnue par la BNS. L’adoption des initiatives parlementaires aurait permis à la BNS de rattraper son retard sur d’autres banques centrales comme la Banque centrale européenne en matière de gestion des risques environnementaux.
Asti Roesle, responsable du projet place financière au sein de l’Alliance Climatique Suisse, estime que « la politique actuelle de la BNS met en danger la stabilité des prix et la stabilité financière en Suisse. Les sécheresses dans des pays comme l’Espagne ont déjà des répercussions sur le prix de nos denrées alimentaires. Une augmentation des événements climatiques extrêmes rendra encore plus difficile la tâche de la BNS de contrôler l’inflation et de contribuer à la stabilité du système financier suisse. Aujourd’hui, le Parlement a manqué, de peu, l’occasion de mettre la BNS face à ses responsabilités à cet égard ».
Intégrer les risques climatiques et environnementaux doit être une priorité pour la BNS
La BNS investit aujourd’hui massivement dans des activités nuisibles à l’environnement. Elle investit notamment dans des entreprises qui extraient du pétrole et du gaz grâce à la fracturation hydraulique, une méthode ultra-polluante et décriée par de nombreuses ONGs. La détention de telles actions ne fait pas seulement qu’aggraver la crise climatique actuelle, elle augmente également les risques financiers liés aux événements climatiques extrêmes. Une analyse approfondie des risques climatiques et environnementaux liés aux placements de la BNS permettrait à cette dernière de se désengager de manière planifiée des investissements nuisibles à l’environnement et créerait ainsi la base d’une politique de placement plus durable.
La BNS a le pouvoir de faire plus !
Avec son mandat actuel, la BNS dispose déjà d’une grande marge de manœuvre pour intégrer les risques climatiques et environnementaux dans sa politique monétaire. En appliquant ses propres critères d’exclusion, elle devrait déjà exclure de son portefeuille de nombreuses entreprises fossiles telles que les entreprises utilisant la fracturation hydraulique ou celles transportant du pétrole et du gaz issus de ce processus.
Contact
Asti Roesle,
Responsable BNS et régulation des marchés financiers à l’Alliance Climatique,
[+41 79 277 33 85, asti.roesle@klima-allianz.ch]