SNB-Koalition 28. avril 2023

Les actionnaires climatiques de la BNS exigent la sortie des fossiles

Lors de l’assemblée générale de la BNS qui s’est tenue aujourd’hui, des actionnaires et des militant·es ont exigé une politique monétaire et de placement respectueuse du climat et de l’environnement. Concrètement, ils et elles demandent le respect des accords sur le climat et la biodiversité, une couverture complète en capital des investissements nuisibles à l’environnement, un désinvestissement de tous les actifs fossiles et une révision de la stratégie de politique monétaire. Des activistes ougandais·es et tanzanien·nes ont demandé concrètement la vente des actions du groupe pétrolier TotalEnergies, qui menace leurs moyens de subsistance.

Lors de l’assemblée générale de la BNS d’aujourd’hui, les actionnaires ont pris la parole à plus d’une douzaine de reprises pour exprimer clairement que notre banque nationale devait elle aussi prendre ses responsabilités dans la résolution de la crise du climat et de la biodiversité, qui menace de plus en plus nos moyens de subsistance et notre stabilité financière. Au début de l’année, plus de 150 actionnaires ont déjà déposé des propositions à l’attention de l’AG. Pour des raisons juridiques formelles, ces propositions n’ont pas été mises à l’ordre du jour, mais les actionnaires ont tout de même exigé qu’elles soient mises en œuvre lors de l’assemblée générale.

En comparaison avec d’autres banques centrales européennes, la BNS est mal positionnée en matière de politique climatique. Les actionnaires demandent donc à la BNS de respecter les dispositions de l’Accord de Paris et des accords sur la biodiversité. Concrètement, cela signifie que la BNS ne doit plus investir dans des entreprises qui détruisent l’environnement. La BNS investit actuellement plus de 16,1 milliards de dollars dans les entreprises fossiles.

Katharina Schlatter, qui a elle-même longtemps travaillé dans l’industrie financière, estime que « l’industrie pétrolière et gazière ne peut pas construire de plateforme ou exploiter un gisement de gaz si elle ne reçoit pas d’argent des investisseurs. La BNS pourrait donc faire une grande différence avec une stratégie d’investissement respectueuse du climat et de l’environnement ».

Jonas Kampus, étudiant en économie et actif au sein de la coalition de la BNS, demande à la BNS de s’armer de manière adéquate, ainsi que la place financière suisse, contre les risques liés aux « stranded assets » : « Une couverture complète du capital pour les investissements, les crédits et les assurances dans les entreprises pétrolières, gazières et charbonnières est nécessaire pour se protéger contre les chocs potentiels des investissements fossiles. Chaque franc investi doit donc être couvert par un franc de fonds propres ».

Nina Repp, responsable des finances à l’Ökozentrum, met en garde contre la menace que font peser sur la stabilité des prix la dépendance aux combustibles fossiles et les effets de la crise climatique : « Les conséquences du dérèglement climatique entraînent notamment une hausse massive des prix des denrées alimentaires dans de grandes parties du monde. Parallèlement, le diesel, l’essence, le mazout et le gaz ont été responsables de jusqu’à 40% de l’inflation totale depuis le début de la guerre en Ukraine, et même de plus de la moitié dans l’UE ».

Sortir de TotalEnergies

Lors de l’assemblée générale, Hilda Nakabuye de Fridays for Future Uganda et Bakara Lenga de GreenFaith International en Tanzanie ont demandé à la direction de la BNS de vendre immédiatement sa participation dans la multinationale pétrolière TotalEnergies. Actuellement, la BNS investit dans la multinationale environ 620 millions de dollars. TotalEnergiesprévoit de construire un oléoduc de plus de 1 400 km appelé EACOP à travers la Tanzanie et l’Ouganda, ce qui menacerait les moyens de subsistance de milliers de personnes. Devant le Kursaal à Berne, des activistes ont symboliquement installé un pipeline géant.

Baraka Lenga explique à l’Assemblée générale : « Je suis préoccupé par le fait que de nombreuses personnes en Tanzanie, y compris ma famille, n’ont pas les moyens d’acheter leur prochain repas. La récente et longue sécheresse – aggravée par le changement climatique – a fait grimper le coût de la vie. La sécurité alimentaire est menacée en raison des mauvaises récoltes. La Banque nationale doit cesser de soutenir l’EACOP et tout autre projet de combustible fossile en investissant dans des entreprises fossiles ».

Hilda Nakabuye ajoute : « Plus de 400 villages en Ouganda et en Tanzanie ont été déplacés. Leur culture, leurs traditions, leur pays sont détruits. Nous sommes des agriculteur·trices, et nous en dépendons. Tant de gens dépendent de leurs terres pour cultiver de la nourriture, et si on ne peut pas cultiver de la nourriture, la faim vient ensuite. Je demande à la direction de la BNS de mettre fin à cette destruction de nos moyens de subsistance et de la planète entière en stoppant sa participation dans TotalEnergies ».

Des règles de durabilité claires pour la nouvelle mégabanque

Les actionnaires critiquent également le fait que la BNS n’ait pas imposé de règles de durabilité claires au Credit Suisse et à l’UBS. Depuis la signature de l’Accord de Paris, la nouvelle banque géante a investi près de 150 milliards de dollars dans des entreprises fossiles. Elle fait ainsi partie des 13 banques les plus nuisibles au climat dans le monde.

Maurizio Degiacomi, économiste chez Fossil Free, demande donc à la BNS d’imposer des règles de durabilité efficaces à l’UBS : « Il est dangereux que la BNS ne soit pas prête à reconnaître qu’elle met en danger la garantie future de la stabilité des prix et de la stabilité financière avec sa politique monétaire, de placement et d’investissement ignorante. Avec la nouvelle mégabanque UBS en particulier, la Suisse ne peut plus se permettre que sa banque nationale préfère minimiser les risques plutôt que de prendre des mesures préventives. L’UBS est un colosse fossile qui menace nos moyens de subsistance et la stabilité financière mondiale. La BNS doit maintenant veiller à ce que l’UBS se retire rapidement de tous les flux financiers fossiles ».

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