Lilian Schibli 29. juin 2024

Les règles financières internationales doivent devenir respectueuse du climat

La Banque des règlements internationaux (BRI), couramment appelée la “banque de toutes les banques centrales”, a son siège à Bâle. La tour de la BRI fait partie du paysage urbain de Bâle et abrite entre autres le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (BCBS). Ce week-end, des représentants des banques centrales et des autorités de la surveillance financière du monde entier se réunissent pour l’assemblée générale annuelle de la BRI.

En tant que membre d’un réseau mondial d’organisations de la société civile, nous sommes également à Bâle aujourd’hui avec un message important pour la BRI et ses membres. Sous la direction d’un artiste colombien et belge, nous peignons non loin de l’entrée de la tour de la BRI une immense fresque au sol intitulée “Pas de stabilité financière sans climat stable”. 

Par cette action artistique, nous demandons une réglementation du secteur financier plus respectueuse du climat et tenant compte des droits de l’Homme et des droits des communautés indigènes. 

En outre, une lettre ouverte signée par une coalition mondiale d’organisations de la société civile sera remise à la BRI. Elle contient les principales préoccupations suivantes : 

Les personnes et les limites planétaires doivent avoir la priorité sur les bénéfices des institutions financières. La résilience de notre système social et financier mondial exige une transition progressive et efficace vers une économie respectueuse des ressources et de l’environnement, respectueuse du climat et équitable. 

Pour cela, il faut :

  • Des normes de publication : La poursuite de l’élaboration d’une norme de publication des risques financiers liés au climat doit être assurée, avec une attention particulière à l’intégration des plans de transition.
  • Plans de transition : il convient d’établir une norme commune pour les plans de transition en s’appuyant sur les travaux du Network for Greening the Financial System (NGFS). Les plans de transition devraient être reconnus comme des outils de surveillance pour la gestion des risques liés au climat.
  • Analyses de scénarios : reconnaître que les analyses de scénarios doivent être considérablement améliorées avant que leurs résultats puissent être utilisés de manière fiable pour mesurer les risques et déterminer les ambitions et le calendrier de la transition nette vers le point zéro ; utiliser des modèles économiques basés sur la science climatique pour estimer le coût réel du changement climatique et le coût de l’absence ou du retard de transition.
  • Exigences en matière de capital : Réviser le cadre des fonds propres pour tenir compte du risque climatique, notamment en augmentant les exigences de fonds propres pour les actifs liés aux combustibles fossiles, qui représentent un risque de transition élevé et une source de risque physique systémique. 
  • Autres considérations sur la durabilité : inclure les risques liés aux services écosystémiques critiques et aux violations des droits de l’Homme dans le cadre réglementaire de Bâle. Cela devrait inclure l’obligation pour les banques de procéder à un examen minutieux et de respecter le consentement libre, préalable et éclairé (Free, Prior and Informed Consent – FPIC) lors du financement de tous les projets de ressources fossiles. 

Pour mettre en œuvre ces réformes, il faut de la : 

  • Collaboration : collaboration plus étroite avec les climatologues et les experts en biodiversité afin de combler le fossé entre l’économie et la science ;
  • Implication de toutes les parties prenantes : institutionnalisation du dialogue avec les organisations de la société civile, les groupes de réflexion et les représentants des communautés concernées, en particulier dans le Sud.
  • Représentation équitable : renforcer la représentation des pays du Sud au sein de la BRI et du CBCB afin de garantir une participation équitable à l’élaboration de la politique financière mondiale.