Lilian Schibli 11. septembre 2025

La BNS et les droits humains: les propres principes ne sont pas respectés

Une nouvelle enquête menée par la RTS montre une fois de plus : la BNS détient dans son portefeuille des entreprises qui violent clairement ses propres directives d’investissement.

Les directives de la BNS lui imposent en effet de tenir compte des normes et valeurs fondamentales de la Suisse dans le cadre de sa politique d’investissement, et donc de ne pas acquérir d’actions d’entreprises qui « qui violent massivement les droits humains fondamentaux ou qui causent systématiquement de graves dommages à l’environnement ».

Or, nous savons que la BNS n’applique pas ces directives. Si elle a vendu ces dernières années ses participations dans Shell et Chevron, elle continue toutefois de détenir des actions d’entreprises qui sont les principaux moteurs de la crise climatique, détruisent des écosystèmes essentiels par leurs activités et mettent en péril les moyens de subsistance des populations paysannes et autochtones.

Une nouvelle étude de la rapporteurse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, montre comment diverses entreprises profitent de l’action d’Israël dans la bande de Gaza, qualifiée de génocide par les experts.

Au moins neuf de ces entreprises figurent dans le portefeuille de la BNS, parmi lesquelles :

  • Elbit Systems : l’une des plus grandes entreprises d’armement israéliennes, dont les produits sont utilisés à Gaza. La BNS détient 19 millions de francs dans cette entreprise.
  • Caterpillar : fabricant de bulldozers qui, selon les organisations de défense des droits humains, sont utilisés pour démolir des maisons palestiniennes. Participation de la BNS : environ 497 millions de francs.
  • Palantir : une entreprise américaine qui développe des logiciels de surveillance utilisés par l’armée et les services de sécurité israéliens. Participation de la BNS : environ 435 millions de francs.

Le portefeuille comprend également des entreprises telles que BP et Glencore, qui font régulièrement l’objet de vives critiques, non seulement en raison de violations massives des droits humains, mais aussi en raison de leur rôle considérable dans les émissions mondiales et l’aggravation de la crise climatique.

Il est donc grand temps que la BNS examine son portefeuille et s’assure que ses directives sont respectées. 

Si ce n’est pas le cas, la BNS doit exclure ces entreprises, à l’instar du fonds souverain norvégien qui a vendu ses actions Caterpillar, estimant qu’« il ne fait aucun doute que les produits sont utilisés pour commettre des violations massives et systématiques du droit international humanitaire ». 

Un pas vers plus de transparence

Le comité de direction de la BNS a récemment annoncé qu’il publierait désormais les comptes rendus de ses réunions. Cette mesure, qui va dans le sens d’une plus grande transparence, fait suite à un retard important par rapport aux autres banques centrales internationales. Elle a néanmoins une importance symbolique et nous espérons qu’elle sera suivie d’autres initiatives.