Lilian Schibli 7. octobre 2025

Lettre ouverte à la FINMA: Combien de Blattens faudra-t-il encore ?

Le 25 septembre, un éventail d’organisations de la société civile, de chercheur·e·s, de responsables politiques et de citoyen·nes a adressé une lettre ouverte à la FINMA, l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers.

La FINMA occupe une place centrale : c’est elle qui supervise le secteur de l’assurance en Suisse et qui devrait, à ce titre, anticiper les risques majeurs pour la stabilité financière. Pourtant, ses récentes déclarations — affirmant qu’il serait « trop tôt pour conclure » que le changement climatique constitue un risque concret et immédiat — inquiètent. Elles sont en décalage flagrant avec les avertissements répétés des assureurs eux-mêmes et avec les constats de la communauté scientifique internationale.

L’effondrement du glacier de Blatten, dont les dégâts assurés sont estimés à 320 millions de francs, montre que les effets du dérèglement climatique ne sont pas une menace abstraite ou lointaine : ils sont déjà là, et ils coûtent cher.

Les assureurs ont un rôle particulier dans cette dynamique. D’un côté, ils indemnisent les victimes de catastrophes climatiques toujours plus coûteuses. De l’autre, beaucoup continuent à assurer des projets d’énergies fossiles, qui alimentent directement la crise climatique et accroissent la probabilité de nouvelles catastrophes. Cette double position souligne d’autant plus l’importance d’une régulation forte et cohérente.

Dans leur lettre ouverte, les signataires — parmi lesquels l’Alliance Climatique, chercheuse Julia Steinberger — appellent la FINMA à :

  1. Clarifier publiquement sa position,
    Reconnaître le changement climatique comme un risque financier majeur,
  2. Donner des orientations claires aux assureurs, notamment en exigeant des évaluations prospectives des risques climatiques et des analyses de scénarios fondées sur des données scientifiques, afin de s’assurer que les risques soient identifiés et gérés à un stade précoce,
  3. S’engager dans un dialogue transparent avec la société civile, et pas uniquement avec les acteurs financiers.

Face à l’accélération des catastrophes climatiques, il est urgent que les autorités de surveillance adoptent une approche proactive. Attendre de nouveaux désastres comme Blattens avant d’agir serait irresponsable, tant pour la stabilité économique que pour la sécurité des populations.

Lire la lettre complète : Lettre ouverte à la FINMA